Le chauffage électrique est-il encore pertinent?

  • Lors de la visite du dernier salon ENERGIES+ à Marche-en-Famenne, j'ai été surpris de voir encore des stands proposant comme chauffage écologique des convecteurs électriques directs !
  • Or, le KwH électrique est le plus cher de toutes les énergies !
  • Existe-t-il encore une possibilité de concurrencer les énergies fossiles avec de l'électricité?
  • La réponse est clairement oui avec un chauffage sol et une pompe à chaleur performante éventuellement couplée à des panneaux photovoltaïques.

Exposé

Le tableau montre les prix comparatifs en centimes d'€ par KwH des énergies pendant 5 ans, de 2011 à 2016.

  1. L'énergie la moins chère reste le bois, que ce soit en plaquettes, en bûches ou en pellets. Le dernier système reste sans doute le plus pratique en terme de manutention pour une chaudière de chauffage central. Les buches dans un poêle performant restent un bon choix également.
  2. Mais l'énergie électrique est sans conteste la plus chère de toutes avec, en plus, des variations étonnantes de région en région, la Flandre étant plus chère (29 c€) et Bruxelles étant la moins chère (19 c€), la Wallonie étant entre les deux prix à 24 c€ !
  3. Comment concurrencer le mazout qui est à 5 c€?

Constat

 A mon avis, seules, les pompes à chaleur eau-eau, avec un rendement saisonnier ou COP garanti de 4 peuvent prétendre concurrencer le mazout.

  1. En effet, avec un COP de 4, la PAC consomme 1000 KwH pour fournir 4000 KwH. Ces 1000 KwH coûtent donc 1000 x 0,24 = 240 €.
  2. Une chaudière à mazout fournira 4000 KwH en consommant 400 L de mazout si elle avait 100 % de rendement. En réalité, avec , par exemple 85 % de rendement global, il faudra 400O : 0,85 = 4700 KwH à 0,05 € = 235 €.
  3. Mais, il faut ajouter à cette consommation de mazout 150 € pour l'entretien de la chaudière et le ramonage, ainsi que l'amortissement de la cheminée et de la citerne à mazout avec des normes environnementales de plus en plus sévères pour l'étanchéité des citernes.

Personnellement

  • En 1999, j'ai fait le choix malheureux d'un chauffage électrique à accumulation dans les séjours et cuisines de 3 appartements à Embourg, avec chauffage électrique direct dans les chambres et la salle de bains.
  • A contrario, c'était le mode de chauffage le moins cher en investissement pour le propriétaire !
  • Même avec des compteurs électriques jour-nuit, cela reste plus cher que des chaudières au gaz naturel, par exemple.
  • Ce choix impose finalement des loyers plus bas que ceux que j'aurais pu avoir avec un chauffage plus économique.
  • J'envisage donc prochainement de remplacer les chauffages à accumulation par des mini pompes à chaleur air-air, ce qui va m'obliger à mettre à l'extérieur des batteries de ventilateur peu esthétiques et légèrement bruyants. Le choix va être difficile.

Commentaires

On peut donc dire en gros qu'une pompe à chaleur d'un COP saisonnier de 4 coûte le même prix qu'une chaudière à mazout. Encore faut-il relativiser ce calcul, car les énergies fossiles sont actuellement drôlement bon marché, suite à la surproduction des pays pétroliers ! L'OPEP tente d'y mettre bon ordre, mais tout ça, c'est de la géopolitique.

  • Toutefois, si on ajoute à l'immeuble des panneaux photovoltaïques qui alimenteront directement la pompe à chaleur en journée, la PAC reviendra moins chère théoriquement.
  • C'est évidemment oublier qu'une PAC coûte le double d'une chaudière à mazout et que les panneaux photovoltaïques ont aussi un coût non négligeables.
  • Les récents calculs démontrent que des panneaux photovoltaïques peuvent être amortis en 7 ans.
  • Une pompe à chaleur a une durée de vie de 30 ans minimum contre 15 à 20 pour une chaudière à mazout.
  • Le confort apporté par la PAC est supérieur à l'entretien d'une chaudière et le remplissage périodique d'une citerne.

Conclusions

  • Bon an, mal an, une pompe à chaleur eau-eau, la seule qui peut garantir un COP saisonnier de 4, semble encore un bon choix, malgré le prix (trop) faible des énergies fossiles.
  • Elle coûte le double d'une chaudière mazout ou gaz, mais elle ne nécessite pas de cheminée, ni de citerne.
  • La PAC devra nécessairement être couplée à un chauffage sol bien plus confortable et économique à la longue que des radiateurs.
  • Ce n'est certainement pas l'électricité directe qu'il faut conseiller, car elle coûte presque 5 fois plus chère en tarif mono-horaire. Pour des locataires, cette énergie devient exorbitante et on voit se multiplier partout les compteurs à budget, mauvaise publicité pour les propriétaires !

Une pompe à chaleur reste donc un excellent choix qui conserve toute sa pertinence. De l'énergie électrique, il en faudra toujours. Des énergies fossiles, y en aura-t-il encore en 2050 et à quel prix?

Et il ne faut pas oublier dans le choix d'une énergie les pellets qui sont fabriqués à base de déchets de bois et qui sont au même prix que le mazout.



Mon conseil

Le choix d'une énergie pour son futur immeuble reste toujours difficile et dépend fortement des circonstances et de l'usage que l'on en fait.

  • Sera-ce une occupation permanente ou occasionnelle?
  • L'inertie thermique de l'immeuble est-elle forte ou faible?
  • Est-ce qu'on se contente d'un chauffage avec des radiateurs ou d'un chauffage sol plus confortable, d'autant plus que ceux-ci deviennent de plus en plus mince de l'ordre de 22 à 40 mm, ce qui leur confère une remise en route très rapide contrairement aux anciens chauffage sol de 8 à 10 cm d'épaisseur?

Consultez donc un spécialiste agréé en Performance Energétique des Bâtiments ou PEB avant de définir et choisir votre énergie future.


© 2016 - Jean GLAUDE, ingénieur civil architecte

Vous pouvez prendre connaissance de mes infolettres antérieures dans mes publications.