(1) Faut-il faire confiance à un entrepreneur ?

renforcement de voussures

  • Dans une ancienne ferme, après enlèvement des chapes fissurées du fenil, je constate que les voussures aux extrémités sont fissurées suite aux bombements des façades !
  • J'envoie au carreleur les plans de ferraillage pour exécuter un béton de compression armé avec crochets pour stabiliser les voussures fissurées.
  • Il me répond : OK, bon pour moi.
  • La veille du jour prévu, à 17 h 30, les chapistes arrivent sans matériel et sans ferraillage, suivis par un camion mixer avec 3 m3 de mortier de chape !
  • J'ai du refuser ce camion et j'ai viré le carreleur qui, manifestement, était incompétent. Pour excuse, il prétendait que le petit treillis 50/50/2 des chapistes suffisait !

Exposé

  • Cet incident avec un carreleur qui ne respecte pas les instructions techniques de l'architecte contrôlant les travaux a pu être réglé parce que l'architecte a eu l'autorité d'annuler la commande du camion de chape au lieu de béton armé.
  • Mais si vous êtes tout seul face à l'entreprise et à des chapistes qui vous disent "oui, ça tiendra avec nos armatures 50/50/2" contrairement aux règles de l'art en mettant en péril la stabilité de l'ouvrage, que ferez-vous ?
  • Suite aux modifications des permis d'urbanisme, les maîtres d'ouvrage peuvent se passer d'un architecte pour quasi tous les travaux intérieurs, à condition de ne pas modifier la structure porteuse du bâtiment.


Constat

  • Les façades latérales de l'immeuble, une très ancienne ferme du XVIII ème siècle, sont fortement bombée vers l'extérieur, plus de 15 cm.
  • Les voussures proches de ces façades s'y appuient. Suite à l'écartement, les voussures se sont fissurées et des gravats de mortier tombent tous les jours sur le paillasson de l'entrée et sur le mobilier de cuisine à l'opposé du bâtiment.
  • De plus, en marchant sur les voussures, on sentait une flexion manifeste des poutrelles les soutenant.
  • Il fallait donc impérativement prévoir un renforcement par un béton de compression armé coulé sur les voussures avant de songer aux revêtements de sol à poser plus tard.


Commentaires

  • Ne rien faire eut été criminel.
  • Une chape normale avec du sable et du ciment simplement armée par le petit treillis à maille carrée 50/50/2 mm n'aurait jamais pu renforcer et stabiliser les voussures.
  • Ce treillis que les chapistes vantaient comme solution, ne sert qu'à contrer ou limiter le retrait normal des chapes.
  • En aucun cas, il ne peut servir comme armature structurelle dont la plus petite section est de 6 mm pour les armatures de liaison des barres à béton.
  • Heureusement, l'intervention des chapistes a pu être arrêtée à temps, parce que le client m'avait téléphoné dès l'arrivée impromptue des chapistes.
  • Qu'ont-ils fait des 3 m3 de chape ? Je l'ignore.


Conclusions

Dans le cas présent, la maitre d'ouvrage a eu le bon réflexe de se faire aider par un ingénieur architecte : j'ai évidemment vu de suite que les façades et les voussures proches avaient un problème de stabilité qu'il fallait résoudre :

  1. En ancrant par une tige filetée inoxydable les deux façades opposées avec des croix d'ancrage de part et d'autre en profitant justement du déshabillage des anciennes chapes pour ajouter cet ancrage dans les nouveaux bétons de compression.
  2. En accrochant les voussures fissurées par des crochets noyés dans le béton armé.




Mon conseil

Même pour des petits travaux de rénovation sans permis d'urbanisme, il est fortement conseillé de prendre un (ingénieur) architecte pour faire un constat des éventuels éléments structuraux à renforcer ou remplacer. Le même carreleur a aussi refusé de suivre mes directives pour un chauffage sol dans la salle de bains. C'est l'objet d'un article ultérieur.


© 2018 - Jean GLAUDE, ingénieur civil architecte

Vous pouvez prendre connaissance de mes infolettres antérieures dans mes publications.